Souvenirs Historiques
20.12.21
France

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LOT 27:

BIBLIOTHÈQUE DE LA DUCHESSE DE BERRY. POUR SON CHÂTEAU DE ROSNY. Belle reliure en maroquin à long grain marron ...


Prix de départ:
600
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BIBLIOTHÈQUE DE LA DUCHESSE DE BERRY. POUR SON CHÂTEAU DE ROSNY. Belle reliure en maroquin à long grain marron, signée Alphonse Giroux à Paris, ornée au centre de chaque plat d’une large frise feuillagée encadrée par deux filets dorés, in-4° (205x130 mm), dorées sur tranches, dos orné à nerf, à décor de motifs stylisés, porte l’ex-libris Château de Rosny – La solitude. Contenant la copie manuscrite d’une lettre écrite à Monsieur le duc de Rivière par Madame la Vicomtesse de Gontaut, datée du 12 octobre 1826, 14 pages, ce document est contresigné par la duchesse de Gontaut, gouvernante des enfants de France, le 20 septembre 1827, certifiant que cette copie est conforme à l’originale. Ce document est suivi de la copie manuscrite du rapport fait au roi par M. le docteur Baron, médecin des enfants de France, 7 pages. Avec dédicace autographe signée de la duchesse de Gontaut en ouverture du volume : « À monsieur le Baron, médecin des enfants de France de la part de Mme la Dchesse de Gontaut ». On y joint le brouillon original du rapport fait au roi, repris dans ce volume, fait par le docteur Baron, 4 pages, in-folio. Usures du temps, mais bon état général. 600/800 € Ce précieux et intéressant document historique relate l’éducation du jeune duc de Bordeaux, fils du duc et de la duchesse de Berry, appelé l’enfant du miracle, né le 29 septembre 1820. Samedi 18 juillet, lettre de mon oncle Camille qui arrive le 19, « Vous éprouvez péniblement à présent mon bien cher Albert pourquoi je n’ai pas pu prendre sur moi de vous conseiller de rester. Je sais trop que quand le point de départ ne change pas, les conséquences ne changent guère non plus ; mais enfin ce qui est fait est fait, prenons les choses où elles en sont. 1° Vous avez écrit avec force à Mr (...) et vous avez bien fait, puisque votre position semble honorablement intenable. Il vous a répondu avec affection et vous a dit qu’il fallait s’entendre. Bien mieux encore. Car c’est aussi une explication que je demanderai pour vous, et je la demanderai nette, franche et complète de part et d’autre ; mais pas à deux. Mr Delaunay doit en être, et si elle se fait par écrit, ce que je regarde comme indispensable, il faut que vous établissiez bien clairement ce que vous croyez avoir droit de prétendre, ce que vous voulez enfin. Si vos prétentions sont admises, demandez qu’elles soient soumises à Mr Delaunay et que son approbation vous soit transmise. De part et d’autre alors ce serait la loi. Si votre rapport qu’il faut soigner de votre et dans lequel il faut encore un peu de cette maudite diplomatie est rejetée, ou s’il est introduit des modifications qui empirent tant soit peu la position que vous aurez réclamé. Je crois qu’après avoir communiqué préalablement la réponse à votre père et à moi, si vous le juger à propos, comme vous l’aurez fait pour votre note, il faudra le retirer de l’éducation des princes et penser à autre chose. 2° Vous ne pouvez pas selon moi vous éloigner avant cette solution. Il y a beaucoup de cas où le temps fait grand bien ; soit il serait mortel. Abandonner la place, se serait abandonner la partie, et on se serait habitué à se passer de vous. Je ne suis pas davantage d’avis de traîner en longueur pour attendre mon arrivée qui ne changerait rien à la situation et même pourrait faire plus de mal que de bien. Il n’y aurait dans cet atermoiement ni dignité ni franchise, no logique. Si vous avez semblé accepter le programme Lannog deux mois, vous devez l’accepter dix ans sous peine de paraître au moins inconséquent. C’est ce qu’il ne faut pas faire. Nous devons de la franchise au roi, comme à nous-mêmes, nous lui devons beaucoup de sacrifices, sauf l’honneur. Un atermoiement ne serait autre chose qu’une composition non avouée avec notre faiblesse. Je n’en suis pas. Il faut savoir avaler la médecine, tout amère qu’elle soit. J’ai dit que mon intervention active et ma présence pourrait faire plus de mal que de bien, je m’explique. Elle pourrait être utile s’il s’agissait de prouver l’intérêt que je vous porte. Mais là-dessus nos preuves sont faites et je n’ai rien à apprendre à personne. On sait bien qu’en vous blessant on me blesse. Voici en quoi elle pourrait nuire. On croit à tort ou à raison, que je veux bien ce que je veux, et que je sais, quand il le faut mettre mon atout sur une carte ; que je ne demande avec une certaine insistance que ce que je crois juste et me revenir de droit, et qu’alors un demi de justice peut amener une retraite immédiate. On doit savoir tout cela parfaitement et sans que je le dise, car j’ai toujours appliqué à mon usage les principes que je vous donnais en commerçant, et on le savait déjà lorsque je vous ai dernièrement appuyé à Bruxelles, mais en vain. Si je m’engage plus avant en ce moment, on ne m’accordera pas plus qu’alors, parce qu’une autre dignité serait mise en jeu (ce qu’il faut éviter par-dessus tout) alors de deux choses l’une, où je ne retirerai, et dans ce cas à quoi vous servirais-je plus tard ? Où je resterai en me contentant de plaintes de faiblesse et de stérilité, et alors, comme le prestige serait détruit, mon caractère serait faussé. On se jouerait de moi et de mes demandes pour les miens, plus encore que dans le premier cas, et on aurait raison. Il ne faut jamais, sous peine de ridicule ou de nullité vouloir paraître autre chose que ce que l’on est réellement. Je ne vous cache rien, mon cher Albert, parce que je sais que votre raison n’est pas celle d’un enfant et que vous pouvez tout comprendre. Je ne vous cache rien, parce que je n’ai dans mon cœur rien à vous cacher, et que vous n’y trouverez rien, qui ne vous prouve l’affection que j’ai pour vous. Pourquoi ne vous ouvrez-vous pas davantage à la Reine ? Pourquoi toujours passer par l’intermédiaire d’un tiers ? Le roi a bien d’autres affaires à traiter, toutes plus pénibles les unes que les autres, n’augmentez pas son fardeau. Mais la reine est pour vous une compatriote, c’est la fille de votre souverain, c’est votre protectrice née. C’est la mère de vos élèves, c’est elle qui s’est toujours occupée de leur éducation. Pourquoi ne lui parleriez-vous pas ? Avec sa raison élevée, son tout délicat et sa bonté infinie, elle vous comprendra, elle verra que vous ne demandez rien que de juste, que vous n’êtes guidé ni par l’ambition, ni par un sot orgueil, qu’avec moins de dévouement, d’attachement pour les princes et de délicatesse. Vous ne seriez plus à Laeken, et elle vous sera un soutien et un intermédiaire. Pensez à cela, tenez-moi en tout état de cause au courant de ce qui se passe, tâchez de ne pas prendre trop vivement les contrariétés. Elles ne sont jamais longues ici-bas, pas plus que le bonheur. Elles nous mènent sûrement à ce qui ne finit pas comme elles, et pour terminer mon long sermon par une règle que j’ai éprouvée au moins aussi utile pour ce monde que pour l’autre. (...) Je n’ai rien à ajouter à ces considérations. Il serait, je crois, difficile de parler avec plus de franchise, de force d’incontestable vérité. Je vais seulement mon cher père, vous donnez quelques détails sur ce qui s’est passé depuis ma dernière lettre. J’aurais du moins quelque chose de bon à vous apprendre. L’animosité du prince Léopold est troublée, et voici comment. J’ai demandé une audience à la reine, et pour laquelle je lui ai montré le véritable état des choses et le seul remède qui me parut efficace. (...)» Historique : la duchesse de Gontaut-Biron (1773-1862), née Marie-Joséphine de Montaut-Navailles, fut dame de compagnie de la duchesse de Berry, puis gouvernante des enfants de France pendant la restauration de 1773 à 1836. Provenance : ancienne collection de la duchesse de Gontaut-Biron (1773-1862), née Marie-Joséphine de Montaut-Navailles, puis transmis par descendance.